[Procès Klaus Barbie : conférence de presse autour d'une...

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRPTP1958A 33
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 18 x 24 cm (épr.)
description De gauche à droite : Me Serge Klarsfeld, Charles Libman, Richard Zelmati, et le directeur du lycée technologique O.R.T. Adresse de prise de vue : Lycée technologique de l'O.R.T., 133, rue Marius-Berliet, Lyon 8e.
historique Le procès de Nikolaus dit Klaus Barbie s'est déroulé du 11 mai au 4 juillet 1987 devant la Cour d'Assises du département du Rhône, au Palais de Justice de Lyon. C'était la première fois en France que l'on jugeait un homme accusé de crime contre l'humanité. Les charges retenues contre Barbie concernaient trois faits distincts : la rafle opérée à Lyon le 9 février 1943 à l'Union Générale des Israélites de France (UGIF), rue Sainte-Catherine ; la rafle d'Izieu du 6 avril 1944 ; la déportation de plus de 600 personnes dans le dernier convoi parti le 11 août 1944 de Lyon à destination des camps de la mort. Au terme de huit semaines d'audience, Klaus Barbie est condamné le 4 juillet 1987 à la réclusion criminelle à perpétuité. Il décède le 25 septembre 1991 à la Prison Saint-Joseph à Lyon.
historique Rendez-vous de la justice et de l'Histoire, le procès Barbie est - aussi - un combat qui voit s'affronter deux hommes, deux tempérament. D'un côté, Jacques Vergès, l'avocat-voltigeur qui assure la défense de l'ancien chef de la Gestapo de Lyon. De l'autre, Serge Klarsfeld, l'avocat-sapeur, le militant de la cause juive. Klarsfeld a gagné "sa" guerre le 5 février 1983, lorsque les portes du fort Montluc se sont refermées sur Barbie, extradé de Bolivie. C'est ce jour-là que le sort du criminel de guerre nazi a été véritablement scellé, au terme d'une traque longue de plus dix ans. Sa comparution - en mai et juin 1987 - devant la Cour d'assises du Rhône n'en sera que le prolongement judiciaire et pédagogique. Ne sera qu'un trait final, dans les esprits déjà tracé. Tant pis pour le pré-jugement... mais une chose au moins est sûre : le bourreau de Lyon finira à Lyon son existence de tortionnaire retraité. Vainqueur de la traque, défenseur des victimes, Serge Klarsfeld a, depuis février 1983, renforcé ses positions, creusé des tranchées, construit des casemates aux créneaux desquelles la justice s'est installée. Apportant ses armes, mais trouvant sur place des munitions, en l'espèce les éléments matériels et documents prouvant la culpabilité de Barbie dans les trois principaux dossiers à charge que sont la rafle d'Izieu, celle de l'UGIF. rue Sainte-Catherine, et l'organisation du dernier convoi parti de Lyon. Allant jusqu'au bout de ce que peut être, au regard de la loi, le rôle d'une partie civile, l'avocat a cimenté l'accusation, participé activement à l'information conduite par le juge lyonnais Riss. Les conditions de l'extradition de Barbie lui ont fourni matière à une première offensive. Fort juridique, au demeurant. C'était l'époque ou le défenseur de Barbie ne prononçait jamais le patronyme de ce dernier, mais s'acharnait à l'appeler monsieur Altman, et à présenter le prisonnier de la prison Saint-Joseph, comme la victime d'un enlèvement par la France en contradiction avec toutes les dispositions du droit international. Saisies tour à tour, les plus hautes juridictions rejetèrent appels et pourvois. Et l'incitèrent à changer de registre. Vergès s'en choisit un autre, tout aussi juridique : il attaqua les termes d'inculpation, se bagarrant sur le caractère rétro-actif de la loi de 1964 déclarant imprescriptibles les crimes contre l'humanité. Là aussi, ce fut le fiasco. Multipliant les "coups", il concentra un tir répétitif sur ce qu'il y avait de plus sensible. Là où il avait toutes les chances de faire mal. Ses déclarations leitmotiv sur l'affaire Jean Moulin, ses attaques contre la résistance procédèrent de cette politique de harcèlement. Et puis - revenant dans le champ peau de chagrin des poursuites - il chercha à déstabiliser deux des principales charges retenues contre son client ; c'est ainsi qu'il contesta l'authenticité du télex signé Barbie relatant la rafle d'Izieu, et que, plus récemment, il accusa les dirigeants de l'UGIF d'avoir plus ou moins livré à la Gestapo les victimes de la rue Sainte-Catherine... A cette offensive, répondit Serge Klarsfeld. Il publia, en 1986, dans un premier temps un ouvrage document sur la rafle d'Izieu, un "réquisitoire" restituant l'itinéraire de chacun des enfants arrêtés par les Allemands le 6 avril 1944 dans le département de l'Ain, et les différents éléments permettant d'affirmer que de leur destin tragique Barbie fut bien le décideur et l'instrument. L'avocat des victimes de l'ancien gestapiste - toujours pour faire pièce aux déclarations de son adversaire - vient de sortir un second fascicule, consacré celui-ci à la rafle de la rue Sainte-Catherine. De passage à Lyon, le 6 février 1987, il l'a présenté à la presse et aux représentants de la communauté israélite, dans les locaux de l'O.R.T., rue Marius Berliet. Accueilli par maître Richard Zelmati, du barreau de Lyon, maître Klarsfeld avait à son côté maître Libman, de Paris. Ces trois avocats, rappelons-le, représentent quelque 70 victimes ou familles de victimes de Barbie. Source : "La réponse de Klarsfeld à Vergès" / Gérard Schmitt in Lyon Figaro, 7 février 1987, p.3.
note bibliographique "Barbie : Serge Klarsfeld devrait faire des révélations" / Gérard Chauvy in Le Progrès de Lyon, 6 février 1987. - "Rafle de la rue Sainte-Catherine. Serge Klarsfeld : Barbie était présent" / J.P. G.M. [Jean-Pierre Gris-Malzy] in Lyon Matin, 7 février 1987. - "Une riposte à Vergès" / Françoise Rolland in Le Progrès de Lyon, 7 février 1987.

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